Républicain Lorrain 04-11-04

Grains de sable à la cristallerie

L'ancienne cristallerie d'Emile Gallé est squattée depuis vendredi par un collectif artistique alternatif. Celui-ci a créé dans ce bâtiment inoccupé un centre culturel autogéré. Les propriétaires de l'immeuble demandent à la justice l'expulsion de ces invités surprises.

.- < L'huissier est arrivé hier matin vers 9 heures. Il voulait nous remettre un avis d'expulsion. Il désirait un nom en particulier car il ne voulait pas remettre le document au nom du collectif >, explique Lorenzo. L'huissier est donc reparti avec son document. Le collectif La Cristallerie a quelques heures de répit supplémentaire avant de rendre des comptes devant la justice. Depuis vendredi dernier l'ancienne cristallerie d'Emile Gallé, au 86 du boulevard Jean-Jaurès, résonne d'une activité artistique inattendue et totalement sauvage. Diverses associations ont investi les lieux pour en faire un centre culturel autogéré. Jusqu'en 2003 les locaux accueillaient une école d'électricité. Puis celle-ci a fermé ses portes et le bâtiment et ses dépendances ont été fermés. Jusqu'à vendredi dernier. Vers 20 heures ce jour-là, près de 200 personnes se retrouvent devant la grille de la cristallerie. A l'intérieur des jeunes s'activent à la mise en place des derniers préparatifs de la fête.

Pas de subventions

Lorenzo et Lucie étaient de ceux-là. Ils cherchaient un local culturel, leur choix s'est arrêté sur le 82, boulevard Jean-Jaurès. "Pour les artistes et les associations il y a un manque d'endroits pour travailler. Depuis plusieurs mois on cherchait un bâtiment à l'abandon, affirme Lorenzo, on a essayé de faire des démarches, on a écrit partout, il n'y avait rien. Alors on a pris la décision de s'installer là. Cela fait des mois que l'on travaille sur le projet. On veut démontrer qu'il est possible de créer un centre culturel autogéré. Comme on tient à conserver notre liberté, on ne veut absolument pas de subventions de la mairie>.
Depuis l'ouverture des grilles des artistes, des jeunes et d'autres, plus proches des groupes d'extrême gauche, se succèdent au 82. Les activités et les concerts s'enchaînent. Un règlement intérieur maintient l'ordre dans un endroit qui ne possède ni eau, ni électricité, ni chauffage. Mardi soir le sleeping, comme l'appelle Lorenzo, était plein. Le temps jouant contre eux, les squatters se doutent bien que les soucis ne tarderont pas à arriver. En effet les propriétaires actuels des locaux ne l'entendent pas de cette oreille. Ils ont mandaté un avocat pour faire entendre leur droit de propriété. Mais là encore les artistes ont du répondant. "La propriété d'usage est de notre côté. Notre but était de négocier un bail précaire et de rester là. Mais c'est fou, avant tout le monde se foutait de ce bâtiment et en 48 heures il est devenu mythique", ironise le jeune homme. Pour l'heure les squatters organisent les activités, attribuent les dépendances aux artistes qui en font la demande. Le programme de la Cristallerie est rempli jusqu'au 7 novembre.

M.-O.N.